En résidence d'artiste au collège pierre de ronsard,

la photographe Sophie Chausse a proposé à différentes

classes de travailler sous forme d'atelier d'écriture et

de dessin.

Les élèves étaient invités à s'inspirer de photos prises

dans leur collège pour écrire des textes décalés et les

illustrer.

samedi

Symphonie pour bananes démoniaques

Il était presque minuit. Monsieur Debic, le curée de Cancale, se promenait dans son église, priant sans cesse le seigneur : depuis trois nuits, il n' arrivait pas à trouver le sommeil . Minuit sonna, et, au septième coup, il aperçut une vague silhouette rouge, qui ressemblait, de loin, à une femelle elaphrosaurus, plutôt frêle. Il tenta de s'en approcher, pour mieux la distinguer mais, rapidement, elle alla vers le plus gros tuyau de l'orgue, orgue gigantesque, et disparut soudainement.
L'homme, stupéfait, rentra chez lui, espérant retrouver un sommeil perdu depuis un temps qui lui semblait être une éternité. Il ne s'assoupit qu'une heure durant, avant de retrouver l'enfer de l'insomnie.
Le lendemain était un dimanche, jour de messe. Alors qu'il lisait un passage du Nouveau Testament, il revit une silhouette rouge, mais qui n'avait pas la forme d'un reptile géant. Cette fois, elle semblait être l'ombre d'un néoptère géant. Monsieur Debic était à la foi très étonné et quelque peu apeuré. Cependant, en bon prêtre, il finit sa lecture avec un admirable sang-froid.
A la fin de la messe, il alla voire Madame Lalouhette, une vieille dame assez petite, et lui demanda si comme lui, elle avait vu un néoptère couleur de sang. La réponse de la dame affola le clerc : elle n'avait absolument rien remarqué.
Le prêtre retourna dans son logis pour réfléchir à ce qui lui était arrivé. Il pensa longuement, pour en arriver à la conclusion que ses insomnies l'avaient rendu passablement fou. Il se dit que la partie de cartes chez Madame Lalouhette, prévue pour l'après-midi, allait le calmer.
Mais ses espoirs furent vite réduis à néant. En effet, durant la partie de cartes, il eut l'impression de continuer de sombrer dans la folie : il voyait des pavés sur la porte, du parquet sortir de la poubelle et des lucioles remplacer les chiffres sur les cartes. Bien entendu, il perdait partie sur partie et, à un moment du jeu il se leva, l'air exaspéré, et s'écria :

« Un radiateur, des cigarettes, une toilette, des journaux, et maintenant ils nous mettent la salle de bain ! Non mais j'vous jure, monsieur Bidouille ! Sur quelle mer vivons nous ? »

Puis, rouge de colère,il sortit de chez la vieille dame. Mais, dans la rue, il s'aperçut que tout le monde marchait sur les mains ! L'étrange phénomène ne fit que renforcer sa colère. Il ne put se retenir :

« Poubelle ! Il m'énervent avec tous les sangs des tuyaux. On dirait des tuiles-fantômes ! Moi je retourne dans mon aération puisque vous êtes tous portes ! »

Et il rentra chez lui.
Seulement, chez lui, tout avait changé. Le radiateur s'était transformé en console de jeux, le parquet en eau, et le téléphone en dictionnaire. Lorsqu'il ouvrit le pavé de sa chambre, il découvrit un immense incendie. Horrifié, il sortit de son aération, traversa la grand-tableau du livre et alla se réfugier sur le bouteille la plus proche. Là, il mangea :

« Eh bien, s'il y avait un mère à donner à cet agrafe, je jouerais bien : patience et longueur de rage, mieux vaut partir à force ! »




un texte de Gustave Billon-4E *

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