En résidence d'artiste au collège pierre de ronsard,

la photographe Sophie Chausse a proposé à différentes

classes de travailler sous forme d'atelier d'écriture et

de dessin.

Les élèves étaient invités à s'inspirer de photos prises

dans leur collège pour écrire des textes décalés et les

illustrer.

samedi

jeudi

le chevalier magicien

Il y avait autrefois, vers l'an 800, un jeune homme qui vivait dans une vieille bicoque avec sa mère. Ils étaient pauvres, très pauvres et n'avaient pour toute nourriture que de la farine ou des graines. Un jour que le jeune homme allait cueillir des champignons vénéneux pour faire un piège à loups; il rencontra un cavalier: un cavalier admirablement vêtu de soieries, d'élégantes chaussures et d'un manteau bleu à fleur d'hermine, portant avec lui un drapeau bleu serti d'une croix jaune.

Ce cavalier l'interpella :



-Bonjour, mon jeune ami, comment t'appelles-tu ?
- Euh…P…Paul… murmura-t-il en bredouillant.
- Eh bien mon jeune Paul, tu me sembles bien malheureux. Qu'est ce qui ne va pas ? lui demanda-t-il.
- Eh bien, voyez-vous, dans ma famille; enfin ce qu'il en reste;nous sommes très pauvres et j'aimerais bien manger, au moins une fois dans ma vie, un pigeon farci. Répondit Paul.
- Que ton voeu soit exaucé. Cria-t-il avant de disparaître dans un brouillard opaque. Ce brouillard prit vite des proportions phénoménales et s'étendit à perte de vue.

Paul était sidéré, restait planté là comme une nouille. Après avoir reprit ses esprits, il courut à perdre haleine en direction de sa bicoque. Sur le chemin, on l'appela:
-Eh, jeune hommeeeee, viens par ici ! c'était une voix rauque, grave et en même temps très chaleureuse. Paul se retourna, ne vit rien puis continua de courir. Cent mètres plus loin, on l'appela:
-Eh, jeune hommeeeee, viens par ici ! Cette fois, Paul s'arrêta net! Il l'avait vue! Il l'avait vue! C'était une grenouille rouge, coiffée de cheveux verts, qui l'interpellait.



Il se pencha et lui parla:
-Est-ce toi qui m'appelles ?
-Qui voudrais-tu queeeee ce soit d'autres, petit ? lui répondit le batracien
-Mais comment faites-vous pour parler?
-Ah! Mais tous les animaux parlent petit; toi tu parles bien, pourquoi nous, les animaux, on ne parlerait pas ?
-C'est juste! Mais il y a bien une raison pur laquelle tu m'interpelles.
-Tu te rappelles l'homme que tu as croisé tout à l'heure, ne l'écoute jamais! Jamais! Il est le vice incarné.
-Ah! Bon, pourtant il avait l'air gentil ce monsieur. Il m'avait même promis un pigeon farci.
-Ah! Tu vois qu'il t'attire, qu'il commence à te manipuler: dans trois jours tu seras rallié à sa cause. Sur ce, la grenouille disparut, sautant à travers la végétation.

Arrivé chez lui, Paul dit à sa mère:
-Maman, aujourd'hui il m'est arrivé quelque chose d'incroyable!
-Et quoi donc, mon cher enfant ?
-Eh bien je marchais dans la forêt et je tombe sur un cavalier admirablement vêtu. Je lui dis que je suis un pauvre enfant et que j'aimerais bien manger un pigeon farci; et là, il me dit "que ton vœu soit exaucé" puis il disparaît dans un immense brouillard. Après je rencontre une grenouille rouge à cheveux verts et elle me dit que cet homme est le vice incarné.
-Il t'a promis un pigeon ?
-Oui!
-Regarde ce que j'ai trouvé par terre devant la porte:un pigeon!
-Mais comment a-t-il fait ? C'est absolument incroyable!
-Pourtant, ce pigeon est bien là, dans la marmite, en train de cuire!

Le repas fut extraordinaire. C'était la première fois que Paul en mangeait et il comptait bien en avoir encore. Mais comment ? Il se rappela alors le chevalier magicien qui lui a offert ce pigeon, mais il y avait cette grenouille qui parlait du vice et du malheur. Mais si le chevalier peut faire apparaître un pigeon, pourquoi pas deux sangliers ? Le lendemain, il retournerait le voir.


Le chant du coq signala à Paul qu'il était six heures. Il n'avait pas dormi de la nuit, il était exténué, mais il irait quand même voir le magicien et lui demanderait deux douzaines de sangliers. Il alla donc dans la forêt, rencontra le chevalier et, au moment où il allait parler, se retrouva dans un autre monde.

Un monde magnifique et désolé: une prairie s'étendait à perte de vue, mais pas une prairie comme les autres, elle sentait si bon! Si bon! Elle dégageait une odeur enivrante. Paul ne put s'empêcher d'y goûter: mmmh… Elle était molle et craquante, sèche et humide… Paul ne pouvait pas définir son goût. Il s'empiffra et tondu toute la prairie si bien qu'il se retrouva dans un monde vide, il ne restait rien. Alors Paul s'agenouilla et attendit, attendit longtemps. Il ne bougeait plus! Il ne parlait plus, mais un jour, il vit l'herbe repousser, repousser jusqu'à faire des arbres gigantesques, et Paul sentit son corps s'envoler, s'emporter pour arriver à la cime des arbres!

Alors s'ouvrit un monde encore inconnu à Paul: le monde des arbres, des branches partaient dans tous les sens, s'entremêlant avec les feuilles gigantesques de ces arbres gigantesques dans ce monde gigantesque. La première chose sur laquelle son regard porta fut une limace étrangement magnifique; elle était rouge et jaune avec des pointillés bleus.
Paul décida de se construire une cabane.



Il récupéra tout ce qui lui tombait sous la main: branches, feuilles, tiges…
La cabane avait vraiment l'air d'un taudis, mais elle serait suffisante pour dormir. Paul se sentait heureux, si heureux qu'il finit par s'en lasser. Il voulait voir sa mère, lui parler, l'embrasser… Mais cela lui était impossible! Il ne savait comment sortir de ce monde où les arbres et les feuilles étaient gigantesques! Les feuilles! S'il s'en accrochait une sur chaque épaule, il pourrait imiter les oiseaux et voler car s'il y avait une issue, elle était en haut puisqu'en bas, il n'y en avait pas. Il s'en accrocha donc deux dans le dos, battit des feuilles et s'envola jusqu'aux nuages.
Il se posa sur le plus gros et contempla le paysage.
Il vit alors, au loin, une porte en forme de bouche verte et grande ouverte.



Il se ré envola et piqua droit sur la porte. Il atterrit sur un sol rocailleux et désertique et constata, après une inspection approfondie, que la porte était fermée par un cadenas contenant une serrure en forme de limace.
Mais où trouver une clé en forme de limace ? Jamais il ne parviendrait à la trouver. À mesure qu'il désespérait, il repensa à la magnifique limace qu'il avait vue en entrant dans ce monde. Bien sûr! C'était ça la clé! Mais comment la retrouver ? Paul ne savait même plus où il était lui-même.



Pour avoir une meilleure vue, il s'envola et se reposa sur un nuage. Il aperçut une forêt et partit dans sa direction. Il s'assied sur une branche et trouva un moyen de capturer la limace. Il se mit au travail: il arracha plusieurs feuilles des arbres et les écrasa contre une branche jusqu'à en faire une purée de couleur verte et d'aspect moelleux et gluant.
Il laissa tout cela ici et grimpa jusqu'à la cime des arbres. Là, il attendit; attendit des mois et des années; attendit toujours plus longtemps qu'on ne pouvait attendre jusqu'au jour ou: la limace vint manger la purée de feuilles.
Paul avait tant attendu ce moment, qu'il en avait les larmes aux yeux, il tremblait. Poussé par l'adrénaline, il sauta et tomba sur la branche où le gastéropode mangeait, l'attrapa et le mis dans sa bouche de peur qu'il ne s'en aille. Il s'envola, se posa sur un nuage et observa les alentours.
Paul trouva la porte, piqua droit dessus et, arrivé à terre, plaça la limace dans la serrure. Il se sentit emporté par quelque chose, ferma les yeux et lorsqu'il les ouvrit, il reconnut son monde.
Enfin! Enfin! Après tant d'années de souffrances, il allait revoir sa mère.

Il courut à toutes jambes vers sa maison et retrouva sa mère qu'il couvrit de baisers.




F I N



un texte de Lucien Bouchard 4E * illustré par Laura laniau 5E, Louis Raynaud 4E, Milena Djelic 4E Jane Douat 4E et Diane-Laure Dagot 6E

mercredi

le Tisseur

Le 14 février dernier, alors que je lisais le « Times », je vis un article qui captiva mon attention :

« Le drapeau des Etats Unis brodé de fils d’or d’une valeur de 100 000$ sera déplacé à la demande du président américain de Londres à New-York le 20 février prochain. Des mesures de sécurité renforcée seront prises pour protéger le drapeau du célèbre voleur « Le Tisseur » qui est toujours en liberté ».

Je relis l’article plusieurs fois avant de réaliser se qu'il se passait : moi, le plus grand voleur de drapeaux de l’univers, le célèbre, l’indomptable, le magnifique, Le Tisseur était mis au défi par la nation américaine toute entière de voler ce drapeau.

Je fis les cent pas dans ma galerie de drapeaux pendant des heures en réfléchissant à la manière de subtiliser ce fameux drapeau manquant à ma collection qui comportait pas moins de 102 524 drapeaux de toutes les nations du monde. Ce fameux 102 525 ème drapeau me narguer alors qu’il m’était impossible de sortir sans être arrêté. Mais, pour ma fierté je volerai ce drapeau même si ce devait être le dernier. Alors je me mis à travailler sur le plan à élaborer.

Après des heures de méditation, je mettais sur pied un plan: je me déguiserai en policier protégeant le drapeau et le subtiliserai au moment de partir vers New-York en prenant discrètement le bateau de secours et en mettant le Cap sur le Portugal.

Le jour du déplacement du drapeau j’arrivai comme prévu au port d’où devait partir le bateau et lorsque j’embarquai je regardais mon reflet dans la rampe de la passerelle. Je souriais en regardant mon uniforme bleu lorsque mon sourire s’éteignit. Je remarquai que tous les regards étaient tournés vers moi. Puis en regardant les autres policiers je remarquais que leurs uniformes étaient … rouges !
Je m’étais fait attraper, moi, le magnifique, le beau, l’indomptable, Le Tisseur le plus grand voleur de l’univers étais tombé dans le piège de la police et allait passer le restant de ses jours en prison…


un texte de Yonantan Tchenio